Clara Hardy

Allier le sens du concret, le pouvoir d’imaginer et la capacité d’aller de l’avant suffirait à définir en une phrase ce qui fait la personnalité de Clara Hardy. Le sens du concret et même du très concret, en d’autres termes le goût du détail, Clara l’acquiert à l’Ecole Boulle, où la réalisation minutieuse de son projet de menuiserie, de manière prémonitoire, un fauteuil « cocon », lui permet de terminer major de sa promotion. Les premières expériences professionnelles de Clara Se font à l'étranger, et à Paris aux côté de Ron Arad, chez les Artisans d'Angkor au Cambodge ou encore dans la matériauthèque de l'agence de Jean Nouvel. Clara met alors ces qualités au service de sa créativité, en nourrissant une passion ancienne pour la soie, une matière précieuse riche de son histoire. Elle commence à y tracer sa propre route en suivant un master à l’ENS autour de cette matière. Pourquoi le vers à soie ne ferait-il que des cocons interroge-t-elle avec insistance ? Une belle rencontre avec un chercheur de l’INRA qui se prend au jeu pour l’entourer de ses conseils, lui permet d’imaginer une nouvelle technique, désormais brevetée, permettant au vers à soie de produire en un long fil intissé, une soie à plat ou en volume (3D). L’INPI récompensera d’ailleurs son travail d’un prix de l’innovation. Savoir transformer des rencontres, parfois faites de hasard, en heureuses opportunités permettant à son projet de devenir une entreprise et de progresser, constitue l’une des qualités de Clara. C’est sur la base de cette innovation que se construit et se développe Sericyne, dont l’avancée technologique consiste à faire filer aux vers à soie non plus des cocons mais directement des formes en 2D ou 3D, ne serait rien sans son caractère humain. Issue par sa famille du monde agricole, la terre, Clara sait ce que c’est, et là encore ce sont de belles rencontres. Le bon contact est immédiat avec ce monde qui entretient encore dans les Cévennes les savoir-faire liés à la sériciculture. Depuis l’installation de l’entreprise, cette activité renait et les plantations de mûriers se multiplient. Des tentatives pour relancer la production de soie en Cévennes avaient déjà eu lieu, mais la force initiale du projet a été son approche résolument disruptrice, avec cette manière nouvelle de produire de la soie.